Il y a des personnes qui osent, qui tentent des choses incroyables et semblent ouvrir l’horizon des possibles. Ce samedi 11 avril, nous avons rencontré certaines d’entre elles et vécu avec la BASE, une journée fabuleuse, si inspirante qu’elle pourrait nous avoir donné des ailes.
Une visite du Tiers-Lieu Sainte Marthe à Grasse
Elle a commencé sous un soleil radieux, sans doute bien trop chaud pour la saison. Nous avons été chaleureusement accueillis par Gaspard du tiers lieu Sainte Marthe. Animé d’un enthousiasme communicatif, il nous a guidé des ateliers au potager, de la serre bioclimatique au fab-lab, en passant par le Comm’un Café, à la fois lieu de convivialité et vaste salle de conférence. Pour notre plus grand intérêt, il s’y déroulait ce jour-là une conférence sur les solutions de régénération des sols et une journée de conclusion du projet Biotopie, mené en une année par Évaléco, la SCIC TETRIS et l’association Le Hublot.
La taille de ce tiers-lieu, le nombre de ses salariés, la diversité des projets qui y sont menés donnent un certain vertige. Récompensé à de nombreuses reprises, soutenu par d’innombrables institutions et partenaires, le tiers-lieu Sainte Marthe tisse les rayons de sa toile entre deux pôles qui pourraient a priori s’opposer mais essaient de s’hybrider. Nous trouvons l’informatique et ses développements d’un côté et les pratiques low-tech de l’autre. Le durable et l’éphémère ne s’opposent pas non plus. On imagine, on teste, on évalue, on partage, on ajuste ou on passe à autre chose. Accueil d’enfants réfugiés, lombricompost, cueillette de plantes sauvages comestibles, réparation d’ordinateurs et de vélos, récupération d’eau de pluie, montage de murs en pierres sèches, formations variées, tout semble vouloir trouver une place dans un cycle dynamique d’évolution et de transformation.
Assez loin de la représentation dominante de l’innovation, cette économie de la contribution cherche des modèles fonctionnels viables, mais malheureusement le nerf de la guerre reste encore bien l’argent.
Nous avons aussi pu entrevoir les difficultés d’une telle entreprise sur la durée, tant au sujet de l’entretien nécessité par l’occupation de bâtiments si vastes, du défi financier d’une telle entreprise ou encore celui de sa gouvernance.
Salle comble pour la projection du film « Commune commune »
De retour sur Nice, nous avons couru à la BASE pour réchauffer la soupe prévue au menu du Ciné-débat, relatant l’expérience de démocratie participative dans la commune de Saillans dans la Drôme, en compagnie de son ancien maire, Vincent Beillard.
Présentée il y a quelques mois à Vence et Menton et la veille à Saorge, cette rencontre suscite énormément d’intérêt. Nous avions demandé que le public réserve sa place et fixé une jauge à 40 personnes maximum, pour les quantités de repas et pour que la projection et le débat puissent se passer dans de bonnes conditions pour tout le monde. Nous sommes désolés d’avoir dû refuser du monde à l’entrée, mais nous ne nous attendions pas à un tel succès et nous voulions maintenir le cadre décidé ensemble.
Le récit est passionnant et poignant. On y découvre des citoyen·nes·s courag·eux·ses, passer de commissions en discussions, avec la volonté d’écouter et de faire participer le plus grand nombre à toutes les décisions. L’humilité et l’autocritique sont permanentes. Comme à Grasse, ici on tente, on essaie et on se plante parfois, pour mieux recommencer, avec l’éventuel risque de s’épuiser. Les processus mis en place entraînent la déconstruction des mécanismes qui, habituellement, permettent à ceux qui parlent fort de s’imposer. Cela marche presque trop bien, au point que les grandes gueules finissent malheureusement par s’exclure et que celles et ceux qui attendaient des chefs aux idées tranchées sont perdu·e·s.
La démocratie n’est pas un long fleuve tranquille et ne va pas de soi. L’émancipation requiert une volonté et beaucoup de travail. Là aussi les choses ne sont que transitoires, mais elles marquent et semblent rendre plus forts, individuellement et collectivement, quelle que soit la suite.
Des échos avec la BASE
Nous avons imaginé nous aussi cet espace d’expérimentation, où l’on décide et fait ensemble. Notre aventure reste modeste au regard des expériences de Grasse et de Saillans, car tout cela nécessite beaucoup de palabres et consomme pas mal d’énergie. Allons-nous suivre la piste de la SCIC TETRIS pour grandir et changer d’échelle ? Contribuerons-nous à l’émergence d’un mouvement citoyen capable de changer la donne ? Nous verrons ensemble !
L’assemblée générale de la BASE approche à grands pas. Elle aura lieu le jeudi 6 avril. D’ici là nous nous prenons à rêver à nouveau.